Économiste en chef
Pas de hausse du taux directeur américain prévue
En bref :
- Il n'est pas certain que les taux directeurs américains aient déjà atteint leur maximum.
- La Banque centrale européenne revoit à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2024.
- L'Arabie saoudite prolonge la restriction de la production de pétrole également pour des raisons géopolitiques.
Après la BCE jeudi dernier, c'est au tour de la Réserve fédérale (Fed) de réunir les têtes pensantes de la politique monétaire. Nous pensons que les banquiers centraux américains ne toucheront pas au taux directeur, contrairement à leurs collègues européens.
L'accent sera mis sur les perspectives d'avenir, si le président de la Fed, Jerome Powell, souhaite les présenter. Les données macroéconomiques récentes indiquent toujours une économie américaine robuste. Cette semaine, les indices des directeurs d'achat de septembre pour l'industrie et les services seront publiés. Ils devraient se stabiliser par rapport aux chiffres du mois d'août.
Fed : taux inchangé
La Fed a commencé à relever ses taux directeurs juste avant la BCE et l'inflation américaine a donc baissé un peu plus rapidement. Si elle s'établit encore à 5,3 % en zone euro, elle n'atteint « plus que » 3,7 % aux États-Unis.
Si nous retirons de l'inflation de base les coûts de logement, l'augmentation du coût de la vie recule même à 2,2 %. À un cheveu de l'objectif de 2 %. En outre, sur la base des conditions des nouveaux contrats de location, on s'attend à ce que la contribution de ces coûts à l'inflation diminue dans les prochains mois.
Et des signes indiquent que le marché du travail commence à refroidir. Les travailleurs qui veulent quitter leur emploi sur une base volontaire sont toujours moins nombreux. Ce qui est souvent le signe d'une diminution de la pression salariale.
Les coûts salariaux augmentent encore d'environ 4,5 % sur une base annuelle. Dans un marché du travail plus équilibré, ce taux devrait revenir sous les 4 % dans les prochains mois. Et devenir progressivement en phase avec l'objectif d'inflation de 2 %.
Hausse des prix énergétiques
Tout cela ne signifie pas que le taux directeur américain a définitivement atteint son sommet. En fin de compte, le marché du travail reste étroit. Ce qui soutient les salaires plus longtemps que prévu. Avec le pouvoir d'achat qui augmente à nouveau, ce qui soutient l'inflation, cela risque d'engendrer une nouvelle poussée de cette dernière.
Les prix énergétiques enregistrent eux aussi un rebond en raison de la résilience de l'économie américaine et de la prolongation par l'Arabie Saoudite de la limitation de sa production.
Pas seulement pour des raisons économiques. Les aspects géopolitiques entrent également (surtout ?) en jeu. Un aspect dont nous devrons nous préoccuper à l'avenir, plutôt plus que moins. L'accès des Saoudiens au club BRICS en est l'illustration. Cela les rapproche de pays comme la Russie et la Chine.
Faiblesse de la zone euro
Autre point à l'agenda macro de cette semaine : la première estimation des indices PMI des directeurs d'achat européens et américains en août.
En juillet, le PMI du secteur des services de la zone euro est passé dans le rouge. À savoir en dessous de 50, le seuil qui distingue croissance et contraction. L'effet de réouverture de l'économie s'estompe.
L'une après l'autre, les institutions ont revu à la baisse les perspectives de croissance la semaine dernière. Tant la BCE que la Commission européenne ont fixé l'estimation pour 2023 à une croissance en dessous de 1 %. La banque centrale ne voit pas la dynamique économique en 2024 dépasser ce niveau.
La faiblesse de la dynamique de la croissance internationale, notamment en Chine, et la politique de taux de la BCE en sont notamment les « coupables ». Les effets inhibiteurs de cette dernière ne se sont pas encore entièrement répercutés.
En conclusion : il n'y a aucune raison d'espérer une amélioration des indices des directeurs d'achat.
Marchés
Entretemps, les marchés financiers ont vécu une semaine solide, surtout en Europe : le Stoxx Europe 600 a gagné 1,6 %. Vendredi, dernier jour de négociation, le S&P 500 a dû abandonner les bénéfices qu'il avait réalisés. À cause de la faiblesse du secteur technologique. Les jours précédents, la combinaison des chiffres de l'inflation encourageants et des solides ventes de détail avait fait renaître l'espoir d'un « atterrissage en douceur ». Ce qui a profité aux investisseurs. L'atterrissage en douceur signifie que l'inflation est maîtrisée sans que les hausses de taux causent trop de dégâts à l'économie.
Dans la zone euro, les investisseurs espèrent que la BCE en a fini avec les hausses de taux. En tout cas, c'est ce qu'ils ont déduit des mots prononcés par Christine Lagarde.
Nous verrons. La solidité du marché du travail suggère déjà que la baisse de l'inflation n'est pas pour demain. Et que le taux ne baissera pas rapidement, même si l'économie continue à se refroidir. Le risque de turbulences sur les marchés de l'énergie en hiver pourrait encore compliquer la donne.
Quoi qu'il en soit, maintenant que la politique monétaire a déjà parcouru un long chemin, on pourrait se consacrer aux résultats des entreprises. En zone euro, une croissance des bénéfices de l'ordre de 7 % en moyenne est attendue pour 2024. Pour y arriver, la croissance économique finale ne doit pas plonger trop profondément sous les prévisions actuelles. Ce fait nous incite actuellement à la prudence à l'égard des actions et met en évidence notre légère sous-pondération en la matière.
Publications macroéconomiques importantes |
Du 18 septembre au 22 septembre |
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Jour de publication |
Région |
Publication de |
Période |
Consensus |
Mercredi |
États-Unis |
Réunion stratégique de la Fed |
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Jeudi |
Zone euro |
Confiance des consommateurs (flash) |
Sept. |
-16,5 |
Vendredi |
Zone euro |
PMI Manufacturing (flash) |
Sept. |
44,0 |
|
|
PMI Services (flash) |
Sept. |
47,5 |
|
États-Unis |
PMI Manufacturing (flash) |
Sept. |
48,8 |
|
|
PMI Services (flash) |
Sept. |
50,2 |
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