Économiste en chef
L'inflation en Europe pourrait être plus persistante que prévu
En bref :
- Un accord politique sur le plafond de la dette américaine semble se dessiner.
- Les chiffres du marché du travail américain devraient à nouveau être robustes.
- L'économie chinoise a besoin de mesures de relance supplémentaires, mais peu d'action pour l'instant.
Démocrates et Républicains sont proches d'un accord sur le plafond de la dette américaine. Si le compromis est effectivement adopté par le Congrès, ce sera un soulagement (attendu) pour les investisseurs. Ils pourront à nouveau se concentrer pleinement sur l'économie et la politique monétaire.
Quoi qu'il en soit, l'agenda macro de cette semaine est bien rempli, avec, en point de mire, le nouveau rapport sur le marché du travail américain et les chiffres de l'inflation européenne.
Inflation européenne
À ce sujet, on accordera une attention particulière à l'inflation de base. Celle-ci a montré, en avril, un timide signe de refroidissement, tout en affichant un taux de 5,6 % en glissement annuel.
Les semaines difficiles traversées par l'énergie et les matières premières alimentaires sont derrière nous. De ce point de vue, les pressions inflationnistes pourraient finir par s'atténuer. Cela ne se remarquera pas encore pour l'inflation de base. En tout cas pas suffisamment pour susciter un changement des plans de la BCE de continuer à augmenter les taux.
Sur la base des premières indications, l'économie européenne semble avoir bien démarré le deuxième trimestre. Mais pas tellement l'industrie, qui a du mal à s’en sortir. C'est surtout le secteur des services qui résiste. Les indices des directeurs d'achat PMI de la semaine dernière l'ont déjà montré. Le nouvel indicateur du climat économique de la Commission européenne confirmera probablement ces tendances demain.
En outre, les PMI montrent que la pression des prix dans le secteur des services se poursuit. En raison, notamment, du chômage qui reste faible (les nouveaux chiffres arrivent jeudi) et des entrepreneurs qui continuent à nourrir d'ambitieux plans de recrutement.
En résumé, nous décelons des nouvelles nuancées du point de vue de la croissance européenne, mais moins réjouissantes du point de vue de l'inflation.
Marché du travail américain
Aux États-Unis, le marché du travail reste tendu. Çà et là, des signaux indiquent que les grandes tensions commencent à se réduire, mais pas au point de modifier le paysage général. Au mois de mai, plus de 200 000 emplois auront probablement été créés.
Pour la Réserve fédérale, l'évolution du salaire horaire moyen représente également un paramètre important, parallèlement aux nouveaux emplois. La lente érosion du nombre de nouveaux emplois et, principalement, le fait que de moins en moins de travailleurs quittent volontairement leur emploi, suggèrent que le pic de pression salariale à la hausse pourrait être dépassé.
Mais cela ne signifie pas que le risque d'inflation lié au marché du travail a disparu. Sur une base annuelle, le salaire horaire moyen a malgré tout augmenté de 4 %. Tout chiffre supérieur à la somme de l'objectif d'inflation de la Fed (2 %) et de la tendance de l'amélioration de la productivité (1,25 %) doit être considéré avec méfiance.
Octroi de crédits européen
Revenons à la zone euro où nous attendons de nouveaux chiffres sur l'octroi de crédits aux ménages et aux entreprises.
La Bank Lending Survey de la BCE nous apprend que les banques ont resserré leurs conditions de crédit. Non seulement parce que la hausse des taux exerce un effet négatif sur leur coût de financement, mais aussi parce que les perspectives économiques mitigées les rendent un peu plus réticentes au risque.
Sans compter que la demande de crédit a fortement chuté. Tant dans le chef des ménages que des entreprises.
Tout cela se reflétera dans l'évolution des crédits et de la croissance monétaire. Cette dernière est à son plus bas niveau depuis 2014. Un niveau qui, « en théorie », correspond à une stabilisation de l'économie et une inflation (de base) sous l'objectif de 2 % de la BCE.
Il convient toutefois de maintenir une politique monétaire stricte, pendant un certain temps, pour stopper la dynamique de prix actuelle et permettre à la théorie mentionnée de correspondre à la pratique. Ce qui est conforme, d'ailleurs, au ton utilisé par le président de la DNB, Klaas Knot, dans ses interviews largement diffusées la semaine dernière.
Directeurs d'achat chinois
Pour conclure, nous nous intéresserons cette semaine aux indices des directeurs d'achat chinois.
Comme nous le savons, les récentes données en provenance de la Chine sont décevantes. En termes absolus, ces chiffres semblent corrects. Pensons à la hausse de la production industrielle de 5,6 % en avril, ou à l'augmentation des ventes de détail de 18,4 %. Mais cela s'explique surtout par la facilité de comparaison. Il y a un an, le pays était encore confiné. Par rapport aux attentes, les données les plus récentes se sont avérées plutôt décevantes. Le pic de l'effet de la réouverture semble derrière nous.
Logiquement, nos perspectives relatives aux nouveaux indices des directeurs d'achat ne sont pas très élevées. Le score industriel demeurera en zone de contraction. Le secteur des services fera un peu mieux, mais de façon marginale. Quoi qu'il en soit, les nouvelles en provenance de Chine confirment nos attentes antérieures d'une impulsion modérée de la croissance mondiale à la suite de la réouverture de la Chine.
L'évolution boursière en témoigne également. Le CSI 300, notamment, qui représente les principales actions sur les bourses de Shenzhen et Shanghai, se trouve pratiquement au même niveau qu'en début d'année.
Pour changer le paysage chinois à court terme, d'autres mesures de soutien des pouvoirs publics sont nécessaires. Mais rares sont les signes d'une concrétisation de celles-ci à court terme et/ou dans une mesure suffisante.
Publications macroéconomiques importantes
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Du 29 mai au 02 juin
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Jour de publication
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Région
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Publication de
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Période
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Consensus
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Mardi
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Zone euro
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Crédits aux ménages YoY
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Apr
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2,8%
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Crédits aux entreprises YoY
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Apr
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4,8%
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Croissance monétaire M3 YoY
|
Apr
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2,2%
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Sentiment économique
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Mei
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98,9
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Mercredi
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Chine
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NBS Manucaturing PMI
|
Mei
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49,4
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NBS Services PMI
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Mei
|
55,0
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Jeudi
|
Chine
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Caixin Manufacturing PMI
|
Mei
|
49,3
|
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Zone euro
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Inflation CPI YoY (flash)
|
Mei
|
6,3%
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Inflation de base CPI YoY (flash)
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Mei
|
5,5%
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Chômage (flash)
|
Mei
|
6,5%
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États-Unis
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ISM Manufacturing
|
Mei
|
47,0
|
Vendredi
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États-Unis
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Nouveaux emplois (Non Farm)
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Mei
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193K
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Salaire horaire moyen MoM
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Mei
|
0,3%
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|
Chômage
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Mei
|
3,5%
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