Les États-Unis attendent une nouvelle hausse importante des taux d'intérêt.
En bref :
- Bien que de nombreux indicateurs indiquent un ralentissement de l'économie, la Fed reste méfiante.
- En Europe, la réglementation du marché de l'énergie n'est pas facile à mettre en œuvre rapidement.
- Il y a peu de raisons de modifier notre position d'investissement prudente sur les actions.
Ce mercredi, la Réserve fédérale (Fed) procédera à une nouvelle hausse du taux directeur de 75 points de base, pour la troisième fois consécutive. On évoque même, ici et là, une hausse d'un point de pourcentage entier. Possible, mais très improbable.
Même avec trois quarts de point de pourcentage, le taux directeur dépassera déjà 3 %. Légèrement supérieur à ce qu'on appelle le « taux neutre ». C'est-à-dire le niveau auquel l'économie n'est ni stimulée ni freinée. En d'autres termes : le niveau de taux qui met l'économie en situation de croissance tenable, avec le plein emploi et une évolution normale des prix. Aux États-Unis, ce taux est évalué à environ 2,5 %. En insistant sur « environ » : il s'agit d'une simple évaluation au mieux des possibilités.
Quoi qu'il en soit, en portant le taux au-delà du niveau neutre, la politique monétaire américaine exerce un réel impact de frein.
Associée aux prix pétroliers qui reculent, à la diminution des tensions sur les chaînes d'approvisionnement et à l'effritement des attentes d'inflation des consommateurs, la politique monétaire restrictive peut déboucher, dans les prochains mois, sur une amélioration du paysage américain de l'inflation.
Point important à ce sujet : de moins en moins d'entreprises de petite ou de moyenne taille déclarent envisager d'augmenter leurs prix de vente. Du côté des prix à la production, un peu en avance sur les prix à la consommation, des signaux indiquent également que le chiffre d'inflation décevant du mois d'août (inflation de base à +0,6 % en glissement mensuel) n'est pas forcément déterminant pour les prochains mois. Mais il reste du chemin à parcourir.
La Fed méfiante
La méfiance de la Fed durera encore quelque temps. L'un après l'autre, ses directeurs sont montés au créneau ces dernières semaines pour insister sur la nécessité du maintien d'un resserrement monétaire substantiel.
Cela ressortira probablement du fameux « dot plot » : la représentation graphique (au moyen de points ou « dots ») de la façon dont les banquiers centraux considèrent l'évolution de la croissance, du chômage et des taux directeurs.
En juin, lors du dernier « dot plot », les directeurs de la Fed voyaient, en moyenne, le taux directeur en fin d'année à 3,4 %. Comme les perspectives d'inflation sont plus élevées, ce taux sera dépassé.
L'ampleur de l'augmentation nous donnera une idée des hausses de taux à attendre en novembre et décembre, à l'occasion des deux dernières réunions en 2022. Même si, dans l'intervalle, Powell rappellera encore que tout dépend des données économiques publiées entre-temps.
Le marché américain du travail se calme
Le marché du travail représente bien sûr une source importante de ces données. Même si les loyers ont contribué plus que prévu au rapport d'inflation décevant en août, le calme revient sur le marché immobilier.
Le nombre d'opérations diminue, la dynamique des prix de vente est retombée et le nombre de permis de bâtir et de nouveaux chantiers recule. Rien de surprenant avec un taux hypothécaire à 30 ans supérieur à 6 %. De nouvelles données sur la confiance des constructeurs de logements, les transactions de vente et l'activité de nouvelles constructions figurent à l'agenda des prochains jours.
Peu de changement dans les indices des directeurs d'achat
Les nouveaux indices des directeurs d'achat (S&P Global PMI) sont également attendus.
Le Manufacturing PMI de la zone euro a plongé juste sous la barre critique de 50. Son « pair » du secteur des services a mieux résisté, notamment grâce au tourisme. Mais, finalement, il a également perdu du terrain.
Les nouveaux indices de la semaine n'indiquent pas qu'il faille s'attendre à un changement. Pour les raisons bien connues : hausse des prix de l'énergie et des taux, notamment à cause de la plus grande sévérité de la Banque centrale européenne (BCE).
Concernant les prix de l'énergie, l'espoir de voir les hommes politiques prendre rapidement des mesures structurelles de soulagement s'éloigne. Le prix plafond ou la taxation et la redistribution des profits extraordinaires réalisés par les producteurs sonnent bien mais leur mise en œuvre ne s'avère pas facile. En tout cas, pas à court terme.
Il en va de même pour la révision de la formation du prix sur le marché de l'électricité, en le découplant du prix du gaz. Une piste logique alors que nous utilisons de plus en plus les énergies renouvelables, mais la réalisation et l'implémentation réfléchies exigent du temps.
Restent les économies d'énergie (de loin l'opération la plus déterminante) et le soutien financier direct aux familles et aux entreprises. Avec des conséquences directes sur les finances publiques. Idéalement, ce soutien devrait aller aux plus démunis. Mais la grande inconnue des prochains mois est de savoir où placer la frontière « démuni ».
Prudence
Entre-temps, la tendance baissière du prix du gaz européen se poursuit. Le contrat de référence TTF s'est établi, cette semaine, à 187 euros/MWh. Pratiquement la moitié du sommet atteint fin août, mais toujours neuf fois supérieur au prix « normal ».
Les actions ont également passé une mauvaise semaine et cela représente un élément moins positif, principalement aux États-Unis (S&P 500 -4,8 %). Les investisseurs observent l'inflation d'un regard méfiant. Et augmentent régulièrement leurs estimations des taux de la Fed.
Sur les marchés obligataires, cela se reflète surtout sur les courtes périodes. Le taux américain à deux ans est notamment passé de 3,5 % à 3,9 %. Le mouvement a été plus mitigé à l'extrémité longue de la courbe des taux. Le taux américain à dix ans a toutefois augmenté, passant de 3,3 % à un bon 3,45 %. La courbe des taux reste donc inversée (les taux courts sont supérieurs aux taux longs). Cela indique souvent un ralentissement de la croissance.
Conclusion : plus grande sévérité des banques centrales, inquiétudes relatives à l'approvisionnement en énergie en Europe, fort ralentissement de la croissance chinoise… Peu de raisons, malgré la faible performance des places boursières depuis mi-août, de modifier maintenant notre position d'investissement prudente vis-à-vis des actions.
Publications macroéconomiques importantes |
Du19 septembre tot au 23 septembre |
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Jour de publication |
Région |
Publicationde |
Période |
Consensus |
Lundi |
États-Unis |
Indice NAHB |
Sept. |
48 |
Mardi |
États-Unis |
Nouvelles constructions de logements MoM |
Août |
-1,8% |
|
|
Permis de bâtir MoM |
Août |
-3,0% |
Mercredi |
États-Unis |
Ventes de maisons existantes MoM |
Août |
-2,3% |
|
|
Réunion stratégique de la Fed |
|
|
Jeudi |
Zone euro |
Confiance des consommateurs (flash) |
Sept. |
-29 |
Vendredi |
Zone euro |
S&P Global Manufacturing PMI |
Sept. |
48,3 |
|
|
S&P Global Services PMI |
Sept. |
50,2 |
|
États-Unis |
S&P Global Manufacturing PMI |
Sept. |
52,0 |
|
|
S&P Global Services PMI |
Sept. |
47,0 |
Luc Aben - Économiste en chef Van Lanschot