La crise du gaz en Europe réduit à néant le rapport favorable sur le marché du travail américain

La crise du gaz en Europe réduit à néant le rapport favorable sur le marché du travail américain

Blog
05 septembre 2022
De plus en plus de faucons de la BCE réclament une accélération de la hausse du taux directeur.

En bref :

  • Crise de l'énergie plus aiguë en Europe, pression accrue sur la croissance économique
  • La Banque centrale européenne décide jeudi d’une nouvelle hausse de taux
  • La Chine résiste aux vents contraires, nouvelle politique possible mi-octobre

Les bonnes nouvelles économiques font du tort au marché d'actions américain, celles qui sont légèrement décevantes sont positives, celles qui déçoivent beaucoup sont mauvaises. Vous suivez ?

Commençons par les nouvelles. Le nombre de postes vacants disponibles en Amérique en juillet a dépassé de 800 000 les 10,4 millions prévus. Un plafond historique, avec deux postes disponibles par chômeur. En août, la confiance des consommateurs a également augmenté plus que prévu (précisément, grâce aux chiffres positifs du marché du travail). Et les demandes hebdomadaires d'allocations de chômage ont diminué : de 248 000 à 232 000.

De trop bonnes nouvelles, en sorte, parce que la solidité persistante du marché du travail aux États-Unis complique la lutte contre l'inflation et ça, ce n'est pas une bonne nouvelle pour les marchés d'actions. Nous l'avons constaté dans les commentaires aigris de divers membres de la Réserve fédérale, la banque centrale américaine. Ces membres de la Fed pensent même que le taux directeur restera longtemps au-dessus de 4 % en 2023. Et, encore une fois, nous l'avons constaté dans les baisses de cours.

Les investisseurs réagissent plus vite

Les marchés financiers ont donc guetté avec impatience, la semaine passée, le rapport du marché du travail américain. Ils n'ont pas été déçus. La hausse salariale moyenne en glissement mensuel a diminué à 0,3 % (attendu : 0,4 %). L'augmentation du nombre d'emplois a atteint 315 000 unités, comme prévu. Mais la nouvelle la plus rafraîchissante est venue de la hausse du taux de participation de la population active à 62,4 % (attendu : 62,1 %). La population active a gonflé de 786 000 personnes.

 

La hausse salariale en glissement mensuel diminue

L'augmentation de la participation dans le processus de travail soulage la pression sur le marché du travail et maintient le rythme de la croissance économique. Cela plaît à la Fed. Avant le coronavirus, le taux de participation atteignait 63,5 %, et après la chute à 60,2 % pendant la pandémie, on a assisté à une reprise timide. Il reste quelques bonnes nouvelles avant de clôturer la semaine (passée) modérée.

Les moments de publication des données économiques importantes suscitent de plus en plus d'engouement. Une réaction logique, puisque le président de la Fed Jerome Powell recourt à ces données dans sa politique monétaire. Après plusieurs mois de données économiques faibles, on pourra lever le pied de la pédale de frein, déclarait-il. Nous pensons que les investisseurs réagissent plus vite et que quelques données plus faibles suffisent à susciter un sentiment positif.

La crise du gaz en Europe

La prolongation de la fermeture de l'approvisionnement en gaz russe via Nord Stream 1 a fait bondir le prix du gaz de 35 % ce matin. Les craintes d'une nouvelle diminution de l’approvisionnement de l'Europe augmentent. L'arrêt de l'approvisionnement via Nord Stream 1 est franchement négatif pour la croissance économique (allemande). Les perspectives de croissance pour 2023 sont particulièrement mises sous pression.

Un autre handicap auquel doit faire face la Banque centrale européenne (BCE) est le ralentissement de la croissance économique. Nous attendons ce jeudi une décision de Francfort sur les taux. Sortiront-ils de leur manche une hausse de 0,5 %, voire 0,75 % ? De plus en plus de « faucons » au sein de la BCE réclament une normalisation rapide du taux directeur. Ce qui signifie un taux de 1,5 % (actuellement 0,00 %). La voie semble donc tracée pour une première hausse de taux de 0,75 % et une autre de 0,5 % en octobre.

 

Ce n'est pas rien, ce que les investisseurs doivent endurer.

Nous voyons que la propagation de l'inflation s'accentue. Un élément qui plaide pour une politique de taux plus agressive, en d'autres termes une hausse de 0,75 %. L'euro qui s'affaiblit et qui ne vaut plus que 0,99 dollar nourrit aussi l'inflation. Le coût de l'énergie importée augmente via le prix du pétrole. Pas de gaz, moins de croissance, plus d'inflation de l'énergie et une BCE plus agressive... Ce n'est pas rien, ce que les investisseurs doivent endurer. Nous constatons ce matin que les secteurs gourmands en énergie, comme la chimie, souffrent.

L'organisation des pays exportateurs de pétrole, l'OPEP+, menace également de réduire la production. L'Arabie Saoudite constate que le marché du pétrole est déséquilibré en raison de la réduction de la demande, principalement de Chine. Pour garder les prix à un niveau élevé constant, le pays souhaite freiner la production. Le « marché » n'envisage pas directement une réduction. 

Prévision de croissance en baisse pour la Chine

Terminons par la Chine. Les activités du secteur des services, mesurées par le bureau de recherche indépendant Caixin, ont gardé un niveau élevé en août. La croissance a été considérable, mais nous constatons que l'économie chinoise continue d'avoir des problèmes. La politique zéro Covid, les tensions avec les États-Unis et la crise immobilière domestique représentent des dossiers dont l'impact économique est imprévisible. Il est même possible que les États-Unis restreignent encore davantage les investissements dans les entreprises technologiques chinoises. La semaine dernière, le fabricant de puces Nvidia a été confronté à des restrictions de vente à destination de la Chine. La perspective de croissance économique chinoise a rapidement chuté à 3,5 % pour 2022, alors que l'objectif officiel de croissance des pouvoirs publics est de 5,5 %. 

 

La monnaie chinoise, autre victime

La monnaie chinoise est également victime des tensions géopolitiques et de l'affaiblissement des performances économiques. Le yuan a désormais atteint le niveau de 6,95 unités par USD, contre 6,38 à la mi-avril. La stimulation monétaire (croissance de la masse monétaire) et d'autres facteurs d'incertitude rendent la devise moins attrayante. Les exportations moins chères représentent un avantage de la faiblesse du yuan. Mais cela peut mettre la pression sur la croissance et sur les devises d'autres pays émergents. La Chine publiera ses chiffres commerciaux d'août plus tard dans la semaine.

Un nouvel élan viendra peut-être du Congrès national du Parti communiste chinois qui se réunit dès le 16 octobre à Pékin. Mis à part que c'est là que l'équilibre des forces est reconfirmé, nous en apprendrons peut-être davantage sur une nouvelle politique économique et un changement de politique Covid.

 

 

Publications macroéconomiques importantes

Du 5 au 9 septembre

Jour de publication

Région

Publication de

Période

Consensus

Lundi

Zone euro

Ventes de détail YoY

Juil.

-0,8%

 

Chine

Caixin Services PMI

Août

54,0

Mardi

Allemagne

Commandes d’usine MoM

Juil.

-0,6%

 

États-Unis

ISM Services

Août

55

Mercredi

États-Unis

Fed Beige Book

Août

 

Jzudi

Zone euro

Hausse taux directeur BCE

 

+0,75%

 

États-Unis

Demandes hebdomadaires d'allocations de chômage

Semaine

240.000

 

Jack Horvest est spécialiste en investissement.

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